Il voit dans les termes de lumière et de ténèbres, récurrents dans le récit de la création, la figure des anges et des démons. C’est l’occasion d’un raisonnement en antonymie comme les affectionne Augustin : ces prétendus dieux devraient être vivants corporellement, mais ce sont bien les saints qui ressusciteront au dernier jour dans leur chair. Pour réfuter cette opinion, Augustin use de deux arguments. Contre les philosophes païens, Augustin s’appuie beaucoup sur des exemples célèbres qui vont à l’encontre du sens commun de la physique antique, comme le sel d’Agrigente, qui avait la réputation de brûler sous l'eau et d’éteindre ce sur quoi on le versait, ou ce qui est connu aujourd’hui comme le phénomène d'aimantation. Augustin donne deux sens à la mort : au sens courant de séparation de l'âme et du corps s'ajoute la notion de mort éternelle, la damnation. Fnac : Tome 2 La Cité de Dieu, La Cité de Dieu, Saint Augustin, Gallimard". »[17] L'ouvrage est souvent vu comme tourné vers l'avenir, dont un des messages peut être formulé ainsi : si une cité terrestre comme Rome doit périr, l'Église est prête à proposer autre chose[18]. 1 Pour une liste à peu près exhaustive des œuvres d’Augustin, voir le tableau récapitulatif de H.-I. Toutefois, quand il en était besoin, nous n’avons pas manqué, dans les dix premiers livres, d’affirmer nos doctrines, ni dans les douze derniers de réfuter nos adversaires. 2 Au sens latin de cet âge de la vie (adulescentia) soit entre 17 et 30 ans. 19Mais sur le terrain qui nous intéresse dans le cadre de l’université ouverte à l’universalité des savoirs, c’est-à-dire non pas tant la théologie catholique que l’histoire des idées, on ne pourra pas ne pas être admiratif devant l’effort de pensée incroyable dont a fait preuve Augustin dans La Cité de Dieu. A Reader’s guide, Oxford University Press/Clarendon Press, « 5. Bibliographie : Histoire des idées politiques, la pensée occidentale de l'antiquité à nos jours de Olivier Nay. Or, depuis longtemps, André Lauras et Henri Rondet ont montré que cette invention, progressive chez Augustin, trouve son origine dans des œuvres anciennes et même dans des formulations et des applications très proches de La Cité de Dieu : dans des catéchèses, notamment, antérieures au Sac de Rome23. 1, tome 1, Paris, Catherines Salles, « Notice du Livre XVI », https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=La_Cité_de_Dieu&oldid=180516412, Portail:Sciences humaines et sociales/Articles liés, Portail:Religions et croyances/Articles liés, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence, H. Holstein, «le peuple de Dieu et la cité de Dieu», in. La conversion de certains juifs au christianisme par le zèle missionnaire a aussi son rôle. Signaler un abus. Contre les philosophes, surtout platoniciens, il rétablit la dignité du corps contre une volonté, courante à l'époque, de le fuir. Pour répondre à l'accusation que l'édit de Théodose de 391 interdisant le culte des dieux est cause du sac de Rome, Augustin passe minutieusement en revue l'histoire gréco-romaine. Augustin se livre à une analyse novatrice de la volonté mauvaise : elle est sa propre cause. Pour « retourner comme un gant la religion romaine et lui ôter son efficacité »[19], Augustin passe en revue les principaux dieux romains et démontre leur caractère médiatique éloigné d'une logique conforme à la raison. At first glance, The City of God by Saint Augustin seems to be a work focused on "identity" history resulting from political unrest since, in response to the Sack of Rome in 410, it deconstructs the political and religious system on which paganism is based to substitute it with the Auctoritas of the Christian Scriptures which it then uses to link together the whole of universal history. Et comme si des Païens cultivés tentés par le christianisme prétendaient sauver de cette déconstruction au moins le sommet de l’édifice païen – le platonisme – qui, par sa démonologie, véritable théologie des intermédiaires, servait de caution philosophique au culte polythéiste, Augustin s’attaque dans les livres VIII, IX et X à ce sommet et en tire même l’occasion de démontrer, sur ce point central de la médiation – donc sur tout l’ensemble –, la supériorité de l’Auctoritas du christianisme. On peut, bien sûr, expliquer ces différences de réaction par des raisons psychologiques, mais, plus sérieusement, le clivage établi par Hervé Inglebert entre les théologies eusébiennes du pouvoir et les théologies non-eusébiennes voire anti-eusébiennes explique bien des choses18. O’Daly, Augustine’s City of God. Mais, en réalité, tout cet effort n’est pas identitaire car la Cité de Dieu, aboutissement de cette histoire, transcende la communauté de l’Église et cette histoire transcende toute histoire particulière. T. 1 / , de saint Augustin, traduite en français, nouvelle édition, revue et corrigée par deux hommes de lettres -- 1818 -- livre [La cité de Dieu (français)] Appartient à l’ensemble documentaire : … La thèse qu'il défend est que le règne de Dieu n’est pas un règne terrestre. La dureté de ton d’Augustin envers les Juifs qui ne croient pas en la messianité de Jésus peut surprendre. Augustin s'interroge sur ce qui a motivé le meurtre d'Abel par Caïn et le compare à celui de Rémus par Romulus. La résurrection des corps pose problème, et plus encore en vue de peines éternelles selon le verset de l'évangile : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges » (Matthieu 25, 41). Comme Augustin se confronte à de nombreuses œuvres antiques aujourd'hui perdues, la Cité de Dieu est aussi une source importante pour étudier des auteurs tels que Varron. Saint Augustin, charte de la paix, la cité de Dieu Charte de la Paix La Cité de Dieu 19, 12. 5, 25 ». 12 Voir F. Paschoud, Roma aeterna : études sur le patriotisme romain dans l’Occident latin à l’époque des grandes invasions, Institut Suisse de Rome, 1967. (XVI, 9) ». Dans les Rétractations, vaste relecture par Augustin de l'ensemble de son œuvre pour en dire les erreurs ou les regrets, l'évêque d'Hippone rappelle lui-même le plan qu'il a suivi pour ces vingt-deux livres : « Les cinq premiers (1-5) réfutent ceux qui veulent que les destinées des choses humaines tiennent au maintien du culte que les païens ont voué aux faux dieux et qui prétendent que tous les maux arrivent et abondent, parce que ce culte est prohibé. La cité de Dieu. « Nouvelle Bibliothèque augustinienne », 8, 2004. À cela, l'Église catholique romaine oppose une approche augustinienne (par exemple, le Quod Aliquantum de Pie VI, en 1791). Publication date 1855 Publisher Charpentier Collection americana Digitizing sponsor Google Book from the collections of New York Public Library Language French. 13Si le Sac de Rome de 410 a été un trouble politique, c’est donc plus pour les destinataires de La Cité de Dieu que dans la pensée de son auteur. La plus longue citation de Saint Augustin est : Aime, et fais ce que tu veux. Un second élément qui pourrait autoriser ce qualificatif est le fait qu’à la recherche, dans l’histoire, des traces d’une Cité de Dieu, Augustin qui ne les trouvait, jusqu’à la constitution d’un peuple avec Abraham, que dans le symbolisme (livre XV), les trouve désormais dans la mise à part d’une communauté préparée avec les Patriarches et instituée avec Moïse (c’est le livre XVI). Ce sont les Confessions (397-401) comme habitées par l’histoire. La Cité de Dieu est l'œuvre la plus développée d'Augustin. Car c’est plus en ce sens ontologique que moral qu’il faut comprendre la célèbre définition des deux cités à la fin du livre XIV, définition qui, à elle seule, interdit de prendre la Cité de Dieu au sens identitaire de la communauté visible des seuls baptisés : Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a fait la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a fait la Cité céleste32. La paix de Dieu et celle des hommes ne se recouvrent pas. Aussi ne l’avancent-ils sur le rapport d’aucun témoignage historique, mais sur des conjectures et des raisonnements, parce que, disent-ils, la Terre étant ronde, est suspendue entre les deux côtés de la voûte céleste, la partie qui est sous nos pieds, placée dans les mêmes conditions de température, ne peut pas être sans habitants. Comme beaucoup, Augustin sépare artificiellement ces deux fils de la cité de Dieu et de la cité terrestre. Même si une démarche unitive est souhaitable, elle n'est peut-être pas humainement possible. Transcendante par rapport à toute incarnation politique, fût-elle chrétienne, la Cité de Dieu ne saurait être qualifiée d’identitaire dans la pensée d’Augustin pas plus que l’histoire qui voit sa réalisation progresser vers son achèvement. 22912 par Béatrice Stumpf, … Le problème qu'il doit résoudre est posé par les manichéens : comment un Dieu bon a-t-il pu créer les démons, qui sont fondamentalement mauvais? Cela remet aussi en valeur le libre-arbitre. La raison en est qu'Augustin privilégie la promesse à la Loi. Il s'oppose aussi à Origène, qui professe la préexistence des âmes et conçoit le corps comme une prison pour l'âme, selon une idée très répandue à l'époque. 2Plus largement, les grandes œuvres ne se laissent pas facilement enfermer dans des formules séduisantes qui pourraient sembler capables de les définir. Le livre XVI est ensuite principalement consacré à la figure d'Abraham. La synthèse d’Augustin va au-delà des idées et des textes qui ont pu l’influencer. Or il faut dire ici que, loin de coïncider avec une quelconque communauté humaine à laquelle elle s’identifierait, la Cité de Dieu augustinienne est transcendante, premièrement, à l’État chrétien, deuxièmement à l’Église visible si bien, que loin d’être identitaire, l’histoire parcourue par Augustin dans les livres XI à XXII de La Cité de Dieu est une histoire transcendante à l’histoire humaine elle-même. La Cité de Dieu contre les païens, rédigé par AUGUSTIN (354-430) de 413 à 426, évêque d'Hippone en Afrique du Nord, constitue l'ouvrage de référence, que son contenu soit déformé ou non, comme dans l'augustinisme politique, de l'Église catholique qui continue de le suivre dans sa conception des relations entre le religieux et le politique. Jean-Claude Fredouille, Paris – Turnhout, Institut d’Études augustiniennes – Brepols, coll. », Essais, 11 | 2017, 17-28. Toute la nature est créée bonne, des anges aux animaux. 5 Saint Augustin, La Cité de Dieu, X, xxxii, 4 ; XI, i, XVIII, i… : « exortus et procursus [excursus] et debiti fines » cité, comme dans la suite de l’article, selon l’édition de la Bibliothèque Augustinienne (Œuvres de saint Augustin, cinquième série, n° 33-37, Desclée de Brouwer, 1959-1960). Il voit dans le rapport entre ces deux frères les premiers développements de la confrontation entre cité terrestre et cité céleste. 3Sans doute convient-il, en préalable, de rappeler le plan de La Cité de Dieu : l’œuvre présente, en effet, ce paradoxe qu’elle est à la fois très connue, très citée et, en fait, assez peu lue dans le détail et encore moins dans son intégralité. Nous appelons Cité de Dieu celle à qui rend témoignage cette Écriture dont l'autorité divine s'est assujetti toutes sortes d'esprits, non par le caprice des volontés humaines, mais par la disposition souveraine de la 13 André Mandouze, Saint Augustin : L’Aventure de la Raison et de la Grâce, « Chapitre VI. But, in fact, this is not the case because the City of God where this history leads to, transcends the community of the Church and this story itself transcends every particular history. by Saint Augustin seems to be a work focused on "identity" history resulting from political unrest since, in response to the Sack of Rome in 410, it deconstructs the political and religious system on which paganism is based to substitute it with the Auctoritas of the Christian Scriptures which it then uses to link together the whole of universal history. La paix de Dieu et celle des hommes ne se recouvrent pas. D’ailleurs, serait-elle, quelle nécessité qu’elle fût habitée, puisque, d’un côté, l’Écriture ne peut mentir, et que, il y a trop d’absurdité à dire que l'Homme ait traversé une si vaste étendue de mer pour aller peupler cette autre partie de monde », « Il serait bien trop absurde que de dire que certains hommes aient pu passer en naviguant de cette partie du monde dans l'autre à travers l'immensité de l'océan ! L’univers s’écroule !11. En lire plus. Ce sera la démarche de Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes et Jean-Jacques Rousseau. Au prix de quel contre-sens lourd de conséquences la chrétienté médiévale s’est-elle appuyée sur La Cité de Dieu traduite pour Charles V par Raoul de Praelles pour étayer la théorie de l’État chrétien ! » Mais ce caractère circonstanciel ne peut à lui seul rendre compte de la portée de cette œuvre, dont Augustin avait formulé le projet antérieurement. Le christianisme nouvellement dominant étant accusé d'être l'origine du déclin de l'Empire, Augustin retourne l'argument. Bien que La Cité de Dieu soit autre chose qu’un écrit de circonstance, elle semble avoir été commencée pour répondre aux questions urgentes en rapport aux polémiques suscitées par le sac de Rome en 410. Dans ce contexte de désarroi par rapport à l’institution politico-religieuse romaine, Augustin ne fait rien pour conforter les ruines du prestige de Rome, il cherche plutôt à catalyser la désaffection pour la religion romaine encore liée à cette institution, et à rassurer les chrétiens qui voyaient dans la splendeur de Rome un effet de la providence divine. Il en rédige le premier livre en 413 et en termine le dernier en 426. La Cité de Dieu (420-429) de Saint Augustin Si donc il est tentant de définir La Cité de Dieu comme une histoire identitaire en réponse à un trouble politique, il convient d’être prudent avec cette formule. Libri I-X, Lectio Augustini XV-XVI-XVII. », Essais [En ligne], 11 | 2017, mis en ligne le 14 octobre 2020, consulté le 07 mai 2021. 10Au terme de ce premier temps de l’examen, on pourrait donc dire que La Cité de Dieu de Saint Augustin constitue, en effet, un essai d’histoire identitaire en réponse à un trouble politique puisque le point de départ de l’œuvre est bien l’immense trouble politique causé par le Sac de Rome le 24 août 410, objet du livre I, que les vingt et un autres livres ne semblent qu’une réponse à ce trouble et que cette réponse passe par une déconstruction de l’identité du paganisme au profit d’une construction identitaire chrétienne permettant de lire l’histoire, sous la seule autorité des Écritures chrétiennes, comme la mise à part d’une communauté triomphant dans l’Église. Certains, en effet, parlent de trois jours de mise à sac et de pillage alors que La Cité de Dieu Tome 2 La Cité de Dieu - relié - Saint Augustin - Achat Livre | fnac Cette histoire, telle qu’elle est parcourue dans les livres XI à XXII pourrait être qualifiée d’« identitaire », disions-nous, dans la mesure où, fondée sur la seule Auctoritas des Écritures chrétiennes, elle raconte la mise à part d’une communauté (le peuple d’Israël puis l’Église) et trouve son achèvement dans le triomphe de cette Église. La pierre d'achoppement est l'impossibilité affirmée par eux que Dieu, le Souverain Bien, puisse se communiquer aux hommes. Augustin récuse deux tentations symétriques de ne voir aucune allégorie dans l'histoire du peuple juif ou bien de spiritualiser tous les événements de l'Ancien Testament. Il réclame que l'on joigne aux questions sur la vérité des événements une recherche de leur signification allégorique (XV, 27). Il dégage une chaîne de causalité entre corruption religieuse, dépravation morale et ruine politique. Globalement, comme on le verra tout à l’heure, les Païens imputant aux Chrétiens la responsabilité de la chute de la Ville éternelle ont tendance à noircir la catastrophe tandis que les Chrétiens ont tendance à la minimiser. Pour cela, il doit invalider la très puissante croyance au destin (fatum), croyance dans les astres qui nie et la liberté de l'homme, et celle de la divinité. Ces deux concepts, en effet, ne sont pas à proprement parler de véritables inventions d’Augustin et l’on a pu leur trouver de multiples sources possibles21 ; en revanche, leur application à la lecture de l’histoire est bel et bien une invention exclusive d’Augustin22. À ce développement est associé la question de « un temps, deux temps et la moitié d’un temps », où Satan sera délivré de ses chaînes. C'est notre relation à elle qui occasionne le mieux ou le pire. Du traumatisme qu'aurait provoqué cet événement sur Augustin, il n'est nulle part question dans La Cité de Dieu. En effet, il distingue la cité des justes fidèles à Dieu, de … André Piganiol qui a consacré tout un ouvrage à l’événement du Sac de Rome commence par rappeler que Rome n’est plus, depuis longtemps, capitale d’Empire, que les empereurs n’y séjournent plus, que le Sénat n’y demeure plus que comme une cour d’enregistrement, que la population, avant même le 24 août 410, y a beaucoup diminué8. Augustin est donc opposé ici aux platoniciens, et par une fine analyse psychologique il démontre que ce n'est pas le corps mais bien l'esprit qui pousse au vice. cit), n° 17, 1971. A Study into Augustine’s City of God and the Sources of Hi. Par ce moyen, il établit les fondements politiques de l'existence en définissant les notions de peuple et de chose publique (Res publica) selon un équilibre de pensée remarquable. Augustin distingue en effet entre le devenir de deux cités : la cité de Dieu et la cité terrestre. Il montre que les dieux n'ont jamais puni de crimes ni empêché la ruine injuste d'une cité (Troie). 5Selon les historiens contemporains de l’événement, l’interprétation diverge beaucoup sur ce qui s’est passé ce 24 août 410 à Rome et sur son importance. 28 Voir Henri-Irénée Marrou, Saint Augustin et l’Augustinisme, « Maîtres spirituels », Paris, Seuil, 1971. Il s'attache à démontrer, à la fois par une analyse du récit et par l'outil de la philosophie, que le mal n'est pas une substance, mais une privation de bien, une volonté mauvaise (malice). Informations sur La Cité de Dieu : Livres XV-XVIII (9782220023168) de Augustin (saint) et sur le rayon M-Age Patristique, La Procure. 11Mais, comme nous l’avons rappelé dès l’introduction, s’agissant, avec La Cité de Dieu, d’une grande œuvre, nous devons être prudents et il est probable que l’œuvre ne peut se résumer, comme à une formule la définissant, à une tentative d’histoire identitaire en réponse à un trouble politique. Le sac de Rome en 410 n'a fait que confirmer l'orientation anti-eusébienne de la pensée d'Augustin. tr. 31 Voir Henri-Irénée Marrou, Théologie de l’histoire, Paris, Seuil, 1968 / rééd., Cerf, 2006. La Cité de Dieu a joué un grand rôle dès le vivant d'Augustin. Ces critiques sont, en effet, réfutées méthodiquement dans les livres II à X. Cette réfutation aboutissant, selon la logique même de l’apologétique, à l’affirmation de la supériorité de la foi chrétienne et de ses Écritures, les livres XI à XXII de la seconde partie parcourent non seulement l’histoire universelle de l’humanité mais aussi la proto-histoire angélique pour dégager, à l’œuvre dans cette Histoire et selon les mots mêmes d’Augustin, « les origines, le développement et les fins5 » de deux cités antagonistes : la Cité de Dieu et la Cité terrestre. ». Mais il faut tout de suite souligner qu’il n’a pas été un grand trouble pour Augustin déjà évêque d’Hippone. 2 Titre de l'ouvrage : De Civitate Dei contra paganos Augustin puise sa doctrine des deux Cités principalement dans l'Écriture sainte. 12Bien sûr, La Cité de Dieu reste ancrée dans l’événement du Sac de Rome et il reste vrai que celui-ci a été un trouble politique comme nous l’avons dit tout à l’heure. Le cœur de l'argumentation tourne autour de l'incarnation du Verbe de Dieu en Jésus-Christ, qui situe dans une perspective nouvelle les couples mortalité / immortalité, âme / corps et monde supérieur / monde terrestre. 30 Revue des Études Augustiniennes et patristiques, « Bulletin Augustinien pour 1970 », sur R. A. Markus, Saeculum… (op. Il s'agit de l'idée selon laquelle, la Terre étant une sphère dont une petite partie seulement est habitée dans l'hémisphère nord, il faudrait traverser un océan immense pour passer du continent connu à un autre continent dans la partie opposée. On pourra trouver terriblement orgueilleuse cette posture et terriblement autocentrée cette lecture de l’Histoire sur la seule autorité des Écritures chrétiennes. 6 Voir G.P. Car, que cet adjectif récent en français soit employé, comme dans l’expression « construction identitaire » venant de la psychologie de l’éducation, avec une connotation positive ou qu’il garde de son origine dans la pensée d’extrême-droite une connotation négative comme dans les expressions « repli identitaire » ou « tentation identitaire », il renvoie toujours à l’appartenance même symbolique à une communauté humaine définie comme exclusive des autres. Car le parcours de l’Histoire auquel il aboutit dans les livres XI à XXII de La Cité de Dieu est tout sauf identitaire. Le thème de la justice divine est approfondi : Jésus-Christ en sa première venue s’est laissé juger de façon injuste par les hommes, et reviendra au Jugement dernier les juger, étant sauvés ceux qui auront embrassé la foi chrétienne. cit., p. 395. Leur destin ne doit pas être confondu : le règne du Christ et la domination terrestre ne sont pas la même chose. Les deux cités sont donc à la fois distinctes et mélangées et ce jusqu'à la fin des temps[9]. Mais si, au lieu de se focaliser sur ces expressions, on essaie d’interpréter vraiment l’œuvre dans sa totalité, comme R. A. Markus dans Saeculum (op. Par ailleurs, Marcel Proust et Hannah Arendt s'inscriront dans cette attitude de chercher à comprendre la matière et la substance de l'Histoire. 16 Jean-Claude Guy, Unité et Structure logique de la Cité de Dieu de Saint Augustin, Paris, Études Augustiniennes, 1961. Le livre exercera une influence politique et théologique, la papauté à partir de Grégoire le Grand (pape de 590 à 604) l'utilisant pour affirmer son pouvoir — interprétation très contestée, notamment par Martin Luther. 19 Selon les historiens contemporains de l’événement, l’interprétation diverge beaucoup sur ce qui s’est passé ce 24 août 410 à Rome et sur son importance. La "Cité de Dieu" est, selon l'opinion universelle, l'oeuvre qui exprime le mieux la personnalité multiple d' Augustin, à la fois exégète, psychologue et théologien. Le dogme chrétien de la vie éternelle est bien préférable à la réincarnation. La thèse d'Augustin est que Varron ne croit véritablement qu'en la théologie naturelle. Les cinq suivants (6-10) sont dirigés contre ceux qui avouent que ces maux n’ont jamais été et ne seront jamais épargnés aux mortels, et que grands ou moindres, ils varient selon les lieux, les temps et les personnes ; mais qui soutiennent en même temps que le culte des faux dieux avec ses sacrifices, est utile à la vie qui doit suivre la mort. Dans l'Empire romain en déliquescence où l'Église assume des charges temporelles, à l'encontre d'autres auteurs qui imbriquent le religieux et le politique (Eusèbe de Césarée, Prudence), Augustin distingue radicalement les deux sphères en montrant la permanence de la cité de Dieu dans les pérégrinations de l'Histoire, qui s'oppose à la contingence de la cité terrestre. « Studia Ephemeridis Augustinianum », 86), p. 109-139. Quelle est la citation la plus longue de Saint Augustin ? Ces dix livres mettent à néant ces deux opinions erronées et opposées à la religion chrétienne. Augustin relève dans le récit de la Genèse que Caïn a fondé une cité tandis qu'Abel est resté étranger, étant de la cité de Dieu en pèlerinage sur la terre (XV 1). La Cité de Dieu est donc autre chose qu'un simple écrit de circonstance[4]. Texte établi par Raulx , L. Guérin & Cie , 1869. book La Cité de Dieu Augustin d’Hippone Émile Saisset L. Guérin & Cie 1869 Bar-le-Duc C Œuvres complètes de Saint Augustin, tome XIII La Cité de Dieu Augustin - Œuvres complètes, éd. Mais quand on montrerait que la Terre est ronde, il ne s’ensuivrait pas que la partie qui nous est opposée, ne fût point couverte d’eau. 18La Cité de Dieu vers laquelle s’achemine l’Histoire ne s’identifiant ni à l’État chrétien ni à l’Église visible, le regard qu’Augustin jette sur l’Histoire loin d’être identitaire, est un essai d’histoire transcendante par rapport aux aléas de l’histoire humaine, parmi lesquels se trouve l’insignifiant Sac de Rome du 24 août 410. En effet, les théologies eusébiennes du pouvoir voient, à la suite d’Eusèbe de Césarée, dans l’avènement d’un Empire chrétien à Rome, un événement décisif dans la réalisation du projet de Dieu dans l’histoire humaine et, dans la figure de l’empereur chrétien, un intermédiaire tout à fait particulier. Son thème : l'immense épreuve spirituelle dans laquelle se trouve engagée l'humanité. ». Pour ce faire, il s’appuie sur l’Ancien et le Nouveau Testaments : Évangiles, Épîtres, Apocalypse, Isaïe et d’autres prophètes, et même quelques psaumes. Cela rétablit le corps, qui était considéré comme une prison pour l'âme dans la conception antique. 24 Cette absence est parfaitement cohérente avec la périodisation utilisée par Augustin dans La Cité de Dieu pour découper l’histoire humaine en six âges (correspondant aux six jours de la création et aux six âges de l’homme) puisque, l’histoire depuis la venue du Christ jusqu’à la fin du monde ne formant qu’un seul âge, elle ne peut être qu’homogène et ne peut comporter d’événements particulièrement signifiants du point de vue théologique. Le mystère de l’oppression des bons par les méchants qui semblent triompher en ce monde n’est pas occulté. Ces lectures politiques de l'œuvre d'Augustin devraient s'informer du peu de distinction qu'il était possible de faire entre pouvoir politique et religion au début du Ve siècle ; sinon, elles laissent penser qu'Augustin a voulu unir ce qui était séparé, les deux pouvoirs, alors qu'il semble plutôt s'agir de l'inverse. . 4Le livre I que nous avons mis à part tout à l’heure ancre tout le développement des vingt et un livres suivants dans l’événement du Sac de Rome par le Goth Alaric le 24 août 410. Augustin reprend l’histoire du peuple d’Israël et en tire un enseignement sur les deux cités : Israël selon la chair et l’Israël spirituel, qui désigne l’Église. De la même façon, l’édition récente des cinq Sermons d’Augustin sur la Chute de Rome dans la Nouvelle Bibliothèque Augustinienne20 souligne le souci d’Augustin de relativiser l’événement en le replaçant dans une histoire non pas simplement plus longue mais plus haute, pourrait-on dire. Augustin distingue deux cités : la cité de Dieu et la cité terrestre. 15 Voir Goulven Madec, « Le livre X du De ciuitate Dei : le sacrifice des Chrétiens », Lettura del De ciuitate Dei di Agostino d’Ippona. La cité de Dieu. (p. 405). 33 Du moins en son sens augustinien de temps dégagé de toute successivité contrairement à la « fausse » éternité des Platoniciens réduite, selon Augustin, à n’être qu’une alternance cyclique. Mais en même temps, la continuité est tout aussi nette avec le livre X, livre pivot, puisque ce parcours se fait sous le regard exclusif de La Bible, des Écritures chrétiennes considérées désormais comme la seule Auctoritas, comme l’a démontré le livre X, et alors que les auteurs païens étaient la seule référence des livres I à X. 26 Voir Yves-Marie Duval, « L’éloge de Théodose dans la Cité de Dieu (V, 26, 1). À propos de l'arche, les développements d'Augustin font écho aux interrogations de son époque sur sa conception technique, sa taille et les étapes de sa construction. Il s'appuie sur l'œuvre anthropologique de Varron : les Antiquités des choses humaines et divines, œuvre primordiale dans la théologie romaine, et sur sa division en théologie mythique (des poètes), théologie naturelle (des philosophes) et théologie civile (du peuple).
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